La célèbre chaîne de restaurants Le Châlet Suisse, a adopté une 
politique non-fumeur pour tous ses établissements. Cette décision est entrée en 
vigueur le 18 novembre. La direction explique que cette politique est destinée à 
fournir à ses clients l'environnement le plus confortable possible. Le PDG de la 
société a déclaré : « Nous sommes fiers de notre rôle de leader de 
l'industrie de la restauration en lançant sur le plan national cette politique 
sans fumée. La satisfaction de nos hôtes est pour nous essentielle, et notre 
nouvelle politique rendra nos restaurants encore plus conviviaux, notamment 
auprès des familles. »
Ne vous précipitez pas dans le Châlet Suisse le plus proche de chez 
vous : vous risquerez d'être déçus et de ne pas remarquer de grand 
changement dans la qualité de l'air. Car il y a un hic : pour bénéficier de 
l'annonce ci-dessus, il faut se rendre au Canada. C'est en effet la chaîne 
canadienne Le Châlet Suisse/Swiss Chalet qui vient de prendre cette 
décision.
En ce qui concerne les restaurants en Suisse, il faut encore un peu de 
patience avant que leurs propriétaires réalisent que le confort de leurs clients 
inclut la qualité de l'air qu'ils respirent. Il faut aussi que leurs 
associations professionnelles se dégagent de l'emprise qu'a sur elles 
l'industrie de la cigarette, qui leur dicte leur politique de 
« tolérance », véritable attrape gogo à sens unique, et qui perpétue 
le mythe qu'avec une bonne ventilation, fumeurs et non fumeurs peuvent 
co-exister sans problème - aucune ventilation au monde ne peut amener la fumée 
ambiante en dessous du seuil de nocivité, car ce seuil est le niveau zéro, et 
aucune ventilation ne peut éliminer totalement la fumée.
En attendant, il ne nous reste qu'à subir pendant encore de nombreuses années 
l'atmosphère malodorante et néfaste de nos établissements publics. En tant que 
clients, notre seule consolation est que nous ne sommes pas obligés de les 
fréquenter. C'est hélas un choix que le personnel de ces établissements n'a pas, 
alors qu'il est le plus exposé à la toxicité de l'air ambiant sur leur lieu de 
travail. Il en paient d'ailleurs un lourd tribut : selon certaines statistiques 
(qu'il serait intéressant de confirmer en Suisse), un employé de salle des cafés 
restaurants sur cent meurt d'un cancer du poumon en tant que « maladie de 
travail ». Par leur exposition quasi permanente à la fumée passive, les 
employés des cafés restaurants sont en fait astreints à un risque professionnel 
- qui est complètement occulté par la profession - quelque cent fois plus élevé 
que le risque maximum autorisé dans les professions considérées comme « à 
risque ».
(Dossier 02-002 - 2002-11-18)